Éditorial

Une revue départementale... mais cette fois-ci !

Notre revue a, comme son titre l’indique clairement, vocation à couvrir l’ensemble du département. Mais, sauf pour les numéros à thème du mois d’octobre, nous ne nous soucions guère de bâtir un sommaire à même de satisfaire nos lecteurs et lectrices, dispersés dans le département ou vivant hors des Ardennes. Donc, souvent nos sommaires se bâtissent en fonction de l’ordre dans lequel nous avons reçu les articles et de la place qu’ils occuperont dans la revue. Le hasard joue un rôle non négligeable et, ma foi, en général, une répartition géographique plus ou moins correcte prévaut.

Cependant, je comprendrais aisément que, pour ce numéro 170, nous soyons accusés d’avoir largement mis en lumière le nord des Ardennes. Certes, l’évocation de l’histoire du football à Rubécourt et Lamécourt, le court récit d’une bataille homérique à Warnécourt et l’histoire de la gestion par la WOL de
la laiterie de Dom-le-Mesnil ne se déroulent pas au nord de Charleville-Mézières. Ajoutons-y également la présentation des outils de mesure des contenances, étude elle nationale, mais les cinq autres articles s’y inscrivent bien, eux.

Ils peuvent se décliner en deux parties. La première concerne l’histoire ouvrière de notre département à la fin du XIXe, puisque nous revenons d’abord longuement sur l’oeuvre de Jean-Baptiste Clément dans les Ardennes. Ce militant infatigable, étant arrivé dans les Ardennes le 17 mai 1885, nous avons voulu marquer cet anniversaire. Comme en écho aux luttes ouvrières de cette époque, constantes et dures, tant syndicales que politiques, soutenues par Jean-Baptiste Clément, nous publions la troisième partie de l’étude présentant Alphonse Taffet, premier secrétaire de l’Union des syndicats des Ardennes.

La seconde s’articule autour de la Meuse avec trois contributions. Anniversaire là aussi oblige : c’est d’abord le rappel en photos de la crue de janvier 1995, dont le seul point positif – c’est dit avec humour noir – avait été de nous souffler le thème de notre toujours disponible numéro 50 : Inondations ! Ensuite,
en guise d’invitation à des promenades enchanteresses au cours de l’été qui vient, c’est le récit de nombreuses escapades pédestres le long des affluents parfois méconnus de la Meuse. Enfin, l’article sur les « givées » parle d’un temps où des radeaux de bois flottaient sur la Meuse.

Pour renforcer, si besoin était, cette impression que nos Éditions privilégieraient consciemment le nord des Ardennes, s’ajoutent deux publications, liées aux 85 ans de l’invasion allemande de 1940. En premier lieu, le numéro hors série, écrit par Jacques Parent, sur la Bataille de Monthermé du 13 au 16 mai 1940
que le CRÉHLoM (Cercle de Recherche et d’Étude sur l’Histoire Locale de Monthermé) nous a demandé de copublier. En second, la sortie de Nouzonville, quand on a évacué, que j’ai signé avec Simon Cocu, sur l’exode de ses habitants à partir du 12 mai 1940. Cependant, Simon et moi, nous espérons que cet ouvrage, s’il décrit un événement dramatique de la vie d’une petite ville de la vallée de la Meuse, revêt une valeur plus universelle. D’ailleurs, lors de son lancement à Nouzonville, nous avons émis le souhait qu’il fasse « réfléchir ses lecteurs et ses lectrices sur le sort de tous les réfugiés du monde, d’hier, d’aujourd’hui et, malheureusement, de demain ! »

Le lecteur attentif de cette revue découvrira que même la 4e de couverture a été dessinée dans le nord du département à l’EHPAD Résidence Marcadet de Bogny-sur-Meuse. C’est de cet endroit où il vit dorénavant, que Simon Cocu, né il y aura 100 ans début décembre, a tenu à poursuivre avec notre revue
une plus que fidèle collaboration, commencée il y a 43 ans avec notre numéro 0, et qui, malgré les aléas de la vie, ne s’est jamais démentie. Nous l’en remercions avec émotion.

Jacques Lambert